En
1944
l'école-hôtel devient le siège de la milice.
«
Elèves et maîtres ont vécu ici des heures à la fois
tragiques et glorieuses.
Ce
fut un exemple national en ce lieu où régna la barbarie,
pourtant
un établissement voué aux seuls bienfaits de l'instruction,
de
l'entente et de l'espoir en l'existence. »
Pierre
ROGUET,
seul évadé du Savoie Léman.
Armand
ANTONIETTI
1903-1998
Hôtelier
restaurateur, Professeur, Auteur et Résistant.
"...D'anciens
élèves de l'école hôtelière revenaient nous voir ;
ils
étaient partis de chez eux pour éviter les camps de
travail en Allemagne;
je
réussis à en placer quelques-uns comme surveillants
des élèves de l'école."
(le
18
février 1944)
"Les arrestations commencent aussitôt dans la ville
; on perquisitionne, on vole;
les
agents de renseignements ont bien fait leur travail,
les
surveillants sont parmi les premiers arrêtés (un élève
de l'école fut identifié comme étant
un
agent de la Gestapo...).
Les
inspecteurs commencent les interrogatoires."
"
Le commandant F.T.P. Flandin, meurt sous les coups durant
son interrogatoire.
(...Même
mort, les miliciens lui sautaient sur le ventre avec
leurs gros souliers
et
cela devant les élèves...)"
"
Je suis moi-même arrêté le
23 février,
vers 17
heures.
Le
24
février,
la première cour martiale ouvre ses "assises"
dans les locaux du Savoie Léman.
On
juge sans appel, sans défense et il suffit de quelques
minutes pour fixer le jugement : la Mort."
"
Les
camarades Bouvet, Troillet, Grépillat, Angeli, Genoud,
Tailleu
sont
fusillés dans la cour de l'école le 26
au matin."
"
Tous les jours, de nouveaux prisonniers arrivent.
Ils
occupent les places laissées vides par les camarades
fusillés ou emmenés à Annecy."
"
Les interrogatoires durent jusqu'au 4
mars
; nous sommes sous le coup de la terreur ;
les
élèves que nous apercevons durant nos corvées à l'extérieur,
semblent terrorisés et révoltés.
En
effet toutes les nuits deviennent de véritables cauchemars
;
on
entend dans tout l'hôtel les cris et les plaintes des
résistants torturés."
Extraits d'un texte de mémoire rédigé par Armand ANTONIETTI en 1966.
Armand
ANTONIETTI s'évadera, grâce à son fils et à un de ses
élèves,
le
21
avril d'Annecy
où il a été transféré et cela 48h avant la date fixée
de son exécution.
Parmi
ce groupe d'élèves en 1943,
se trouve
Isidore ARON
(le
second à partir de la droite au premier rang),
jeune
juif savoyard, ancien élève du lycée de Bonneville.
Arrêté
et déporté, il est mort au camp de concentration de
Dachau après sa libération.
Nos
plus vifs remerciements à Madame J. NEPLAZ-BOUVET
pour
son aide dans la réalisation de ces deux pages.
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